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Impact environnemental du Bitcoin : réalités et enjeux

En 2023, le réseau Bitcoin a consommé davantage d’électricité que des pays comme l’Argentine ou les Pays-Bas, selon le Cambridge Centre for Alternative Finance. Le protocole de validation des transactions, basé sur la preuve de travail, nécessite d’énormes capacités de calcul et mobilise des quantités considérables d’énergie.

Plusieurs gouvernements envisagent ou appliquent déjà des restrictions, tandis que des acteurs du secteur expérimentent des solutions visant à limiter l’empreinte carbone. Le recours aux énergies renouvelables progresse, mais la part exacte de leur utilisation dans le minage reste débattue. Les comparaisons industrielles et les estimations d’émissions varient selon les méthodologies.

Comprendre l’empreinte écologique du bitcoin et des cryptomonnaies

Le sujet de la consommation énergétique des cryptomonnaies divise, et le Bitcoin en est au cœur. Avec le fameux protocole de Proof of Work, le réseau engloutit chaque année entre 134 et 172 TWh, un volume d’électricité supérieur à celui de nombreux pays européens réunis, selon l’indice de l’université de Cambridge.

Cet appétit énergétique a une contrepartie qui pèse lourd : chaque année, le bitcoin rejette dans l’atmosphère entre 77 et 96 millions de tonnes de CO2. L’empreinte hydrique n’est pas en reste avec un usage estimé entre 1,5 et 2,2 billions de litres d’eau. Ce n’est donc pas tant la quantité d’électricité consommée qui interroge, mais surtout l’origine de cette énergie, encore issue en grande partie de combustibles fossiles. Les émissions de gaz à effet de serre du bitcoin dépassent ainsi certains secteurs industriels classiques.

Dans ce contexte, d’autres solutions émergent. À la suite d’Ethereum, qui a adopté en 2022 le Proof of Stake et vu sa consommation énergétique s’effondrer de 99 %, des blockchains telles que Tezos ou Algorand optent pour des systèmes où la validation ne repose plus sur la puissance brute. Liquid Proof of Stake, Pure Proof of Stake : ces alternatives techniques réduisent la facture environnementale.

Le paysage des cryptomonnaies est donc loin d’être homogène sur le plan écologique. Si le bitcoin, fidèle à la preuve de travail, concentre aujourd’hui l’essentiel des critiques, l’écosystème global cherche de nouvelles voies, moins énergivores et à l’empreinte carbone allégée.

Pourquoi le minage suscite-t-il des préoccupations environnementales majeures ?

Le minage de bitcoin s’apparente à une gigantesque compétition informatique. Des milliers de machines spécialisées s’affrontent pour valider chaque bloc, consommant à elles seules entre 134 et 172 TWh d’électricité par an. Le nerf de la guerre ? Exploiter l’électricité la moins coûteuse, souvent tirée des sources non renouvelables comme le charbon ou le gaz.

Derrière ces chiffres, se cache une industrie dont la logistique a un prix environnemental élevé. Voici les principales composantes qui alourdissent l’addition écologique :

  • La fabrication de puces électroniques avec des matières premières extraites sous forte contrainte environnementale,
  • Des dispositifs de refroidissement très énergivores, nécessaires au fonctionnement continu des installations,
  • Le renouvellement fréquent du matériel informatique, générateur d’une grande masse de déchets électroniques.

S’y ajoute la consommation d’eau indispensable au refroidissement des datacenters : chaque année, le bitcoin nécessite entre 1,5 et 2,2 billions de litres, une quantité comparable à la consommation annuelle de millions de foyers. Les émissions annuelles de CO2, quant à elles, atteignent jusqu’à 96 millions de tonnes, un volume qui place l’industrie du minage parmi les plus émettrices du secteur numérique.

Depuis l’expulsion des mineurs de Chine, les pôles de minage migrent selon le prix de l’énergie et la réglementation locale, s’installant au Kazakhstan, aux États-Unis, ou dans des pays où l’électricité bon marché prévaut. Cette mobilité illustre la dépendance du secteur au mix énergétique et souligne, à rebours de l’image d’une monnaie dématérialisée, la réalité matérielle et polluante du minage.

Salle serveurs avec rigs de minage verts et plantes naturelles

Énergies renouvelables, initiatives et régulations : quelles perspectives pour limiter l’impact ?

Difficile d’échapper à la pression environnementale. Le secteur du bitcoin réagit, les centres de minage misent sur l’hydroélectrique, le solaire, l’éolien, où ils en trouvent. HIVE Blockchain affiche par exemple une préférence pour l’énergie hydraulique. Pourtant, la part exacte d’électricité verte dans la production mondiale du bitcoin soulève de nombreuses interrogations. Selon le Bitcoin Mining Council, 6 mineurs sur 10 recourraient à des énergies à faibles émissions, mais ce chiffre ne fait pas l’unanimité faute d’accès à des données vérifiables.

Voici quelques-unes des initiatives qui tentent de renforcer la sobriété carbone du secteur :

  • Décarbonation progressive avec des chartes comme le Crypto Climate Accord, qui vise la neutralité carbone d’ici 2030, soutenu par plusieurs entreprises innovantes,
  • Réduction des émissions de méthane grâce à des investissements ciblés de fonds spécialisés,
  • Amélioration de l’efficacité énergétique des matériels, récupération de la chaleur émise, adaptation des opérations en fonction du mix énergétique local.

Les États et l’Europe endossent eux aussi un rôle croissant. La Commission européenne avance sur sa réglementation MiCA, qui impose plus de transparence concernant l’impact carbone des activités liées aux cryptomonnaies. En France, la loi PACTE encadre le secteur et l’autorité en charge du contrôle veille à la bonne application du cadre légal. Entre la tentation de réglementer plus sévèrement et celle de stimuler la mutation énergétique par la carotte, le débat reste animé.

Parallèlement à ces efforts, les avancées technologiques se multiplient. L’exemple d’Ethereum, qui a basculé en Proof of Stake et divisé par cent sa consommation énergétique, fait désormais figure de référence sur laquelle l’ensemble de la filière pose un regard attentif. Certains s’interrogent : viendra-t-il un jour où le bitcoin délaissera la preuve de travail pour un modèle plus sobre ?

La réalité est là : la question écologique n’a jamais aussi bien cerné le bitcoin. Placé sous le feu des critiques, sommé d’accélérer ses innovations et de composer avec un cadre réglementaire toujours plus dense, le doyen des cryptomonnaies avance désormais sur un fil. La moindre fluctuation énergétique, la moindre orientation politique pourrait bien dicter la trajectoire de son avenir.